Je fais un petit break dans ma retranscription sociologique (rien que ça) du texte de Guillaume Erner sur les tendances pour raconter un peu ma life à l'hosto, pas le même que le précédent puisque j'ai été transférée dans un hôpital plus adapté.
Aujourd'hui on se disait qu'il y a des choses qu'on ne fait que en étant hospitalisé, comme jouer une fois par jour au Scrabble, faire des mots fléchés avec d'autres patientes, faire 2 fois par semaine son lit (ce que je ne cautionne pas du tout, je trouve que ça tiens de la manie et donne le mauvais exemple) Comme on dit, il y a ceux qui pissent sous la douche et les menteurs. Et ben il y a ceux qui sont maniaques et changent leur draps tous les 3 jours et les gens normaux. Et puis il y a ceux comme moi qui le font une fois tous les 3 mois, soit parce qu'ils sont crados et fainéants, soit parce qu'ils se sentent suffisamment propres.
Comme ma soeur a oublié de m'acheter l'autobiographie de Lena Dunham, je me retrouve à lire du Beigbeder. Je ne sais pas si c'est un bon écrivain mais il a des phrases à retenir. C'est plutôt pour moi un mec qui fait des maximes contemporaines, un espèce de la RocheFocault du 21ème siècle.
Bref, il dit un truc sur l'enfance qui me fait penser à a situation ici a ste Anne, si l'on remplace "mon enfance" par "mon hospitalisation".
"Mon enfance […] je l'imagine plutôt comme une lente période d'obéissance. […] un enfant est d'abord un paquet que l'on nourrit, transporte et couche. En échange du logement et de la nourriture, le paquet se conforme à peu près au règlement intérieur".
Seulement voilà, moi je veux le beurre, l'argent du beurre et le cul ou le bisou de la crémière, selon les interprétations. Je ne me conforme pas au règlement intérieur. Voilà 2 semaines que je suis à Ste Anne et j'ai déjà réussi à récupérer en scred mon portable, mes ciseaux, ma trousse, mon cutter, ma cigarette électronique. Ma prochaine étape est de petit à petit récupérer mes affaires d'activités manuelles. Il faut savoir que mon arrivée ressemblait un peu à une garde à vue, on m'a laissé mes sous vêtements, un minimum de fringues et 1 stylo. J'avoue que quand l'infirmières à, sans grand mal, trouvé ma cachette (dans a doublure de mon manteau) ou j'avais planqué tous les trucs interdits, elle a cru que je la prenais un peu pour une conne (même si elle a pas besoin de moi pour ça). Donc elle s'est bien vengée. Depuis je regorge de stratégies pour dissimuler des trucs dans des endroits improbables. Seulement voilà, il ont fait ue fouille (si si, comme en taule) et pendant qu'ils cherchaient mon matériel d'activités manuelles et qu'ils avaient les yeux rivés dans les petites culottes de mon armoire, j'en profitais pour dissimuler le minimum nécessaire a ma survie dans mon futé. J'ai réussi à y faire rentrer mon tel, ma cigarette électronique, 2 crochets et 3 bobines de fil. J'avais les fesses remplies en les regardant emporter tout le reste de mon matos. Donc j'ai eu une "mise en garde" comme on dit ici, ce qui m'empêche de passer mon coup de fil du lundi, ce dont je m'en fout puisque j'ai mon tel sur moi. Bref, à la prochaine connerie cette semaine j'aurais droit au "rattrapage", c'est à dire tous les "renforçateurs" (= récompenses) qui sautent. (oui parce qu'il faut savoir qu'ici c'est le système de la carotte ou du bâton) En gros j'aurais plus le droit de rien faire pendant 1 semaine et je mourrai probablement d'ennuie.
Comme on dit, on voit le verre à moitié vide ou à moitié plein. Donc j'ai décidé que cette situation c'est juste une question de point de vue. Soit e me dis que je suis en colo avec 15 autres filles, que j'ai l'occasion de partager avec des filles qui ont rien à voir avec moi, et voir tout ça comme une expérience anthropologique. Ou alors je peux me dire que je suis enfermée dans un hôpital, ou ma liberté est considérablement limitée, et que mon entourage est constitué de gens malades, qui s'avèrent ne pas être les plus drôles au monde, mais qui pourrait leur en vouloir?
On passe notre temps libre à jouer à des jeux de société, ce qui est peut être une évolution comparé à Garches, là bas je regardais les après midis jeux sur la 3, et maintenant je JOUE au scrabble, au buggles, au rumikub… Donc je suis passé d'un état passif à un état actif du jeu.
D'ailleurs j'ai lu l'intro, étrangement poétique, du dictionnaire du Scrabble que voici :
"Nous éprouvons tous - quelque part - un besoin plus ou moins fort de jouer.
En jouant, l'homme prend une certaine distance avec sa vie sociale. Il se donne un certain, sinon un autre sentiment de liberté. Liberté de choisir : le jeu qui lui convient, les gens qui le pratiquent, les règles qui le régissent.
C'est ainsi qu'en jouant, l'homme s'invente un nouvel espace social, celui-ci plus librement accepté que l'originel"
Et encore cette recherche de pertinence entre les images et le texte… Comme j'ai pas internet ici j'ai du fouiller dans les recoins de mon ordo pour trouver des images représentant de folles anonymes, un peu comme moi ici à l'hôpital.
Le mercredi c'est renforçateur courrier, je peux envoyer 2 lettres et en recevoir autant que je veux, ou plutôt autant qu'il y en a , et depuis 1 mois c'est zéro. Donc si vous lisez cet article, que je vous connaisse ou pas, merci de m'écrire à cette adresse :
BAJIC JOVANOVIC Ana
CMME Unité TCA
Hôpital Ste Anne
100, rue de la Santé
75014 Paris
J'ai hâte de recevoir vos lettre et de me sentir comme une vedette ouvrant le courrier de ses fans.
3 comments:
Good luck Ana.
It's me, Philip Jenkins, hope to taulk to you soon.
Allez!!!
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