Sunday 17 April 2016

Rencontre du troisième type



Dan mountford
Dan Mountford


Valentin Mittheistet

Mathias Pinkert



A new message. Lucky bastards.

Voilà, je reviens sur ces terres désolées. Pour l'occasion, j'ai un peu modifié mon jingle :)
Je m'excuse de cette longue absence, mais bon, il faut avouer que je ne vous avais pas habitué à une régularité monastique. Et puis ne nous leurrons pas, personne ne lit ce blog, et ceux qui le font me voient probablement en dehors.

Alors je me suis dit que je pouvais parler de quelque chose de particulièrement joyeux, comme par exemple la solitude (c'était ça ou la dépression, au choix).

Je ne me suis pas sentie aussi seule depuis le collège. A l'époque, fumer et répondre au prof m'avaient aidé à me faire des amis, et voilà que j'arrête de boire et je me sens seule à nouveau. Je ne sais pas si il y a une loi perverse à déduire de tout ça. Le fait est que, cette abstinence s'avère bien solitaire. Je sais bien que boire m'a, au final, fait perdre tous mes amis, dont certains définitivement, mais ça me permettait toujours de me faire des amis précaires, en sortant simplement en chercher dehors. Comme un roulement de rencontres permanentes. Donc maintenant j'ai perdu mes amis et je ne peux plus m'en refaire en allant simplement dehors. C'est un peu comme refuser de coucher avec une fille et se faire larguer par sa copine le lendemain : tu sais que t'as fait la chose à faire, mais ça ne semble pas juste pour autant. Oui, parce que avouons-le, l'alcool a cet avantage que, utilisé a des fins désinhibantes (limite que je n'ai jamais su respecter), il permet de temporairement dissiper l'hésitation, l'embarras, la retenue... tous ces trucs qui empêchent de faire des choses simples, comme parler à des inconnus. Parce que au final, les gens aiment bien ça, enfin ils ne trouvent pas ça si bizarre que ça, c'est juste que personne n'ose. Et le monde est fait de rendez-vous manqués. En fait je ne me souvient même pas de comment j'entamais la conversation (au final je ne me souviens pas de grand chose, donc quel intérêt), mais les rencontres se faisaient. Alors oui on se réveille le matin, avec la gueule de bois et aussi timide qu'avant, mais c'est une façon efficace d'écarter le problème momentanément. Alors j'ai essayé de faire la même chose qu'avant, sortir seule dans des clubs ou dans des bars, mais sobre cette fois, en me disant que cette fois ce serait les autres, désinhibés, qui viendraient me parler. Si vous avez l'idée un jour de faire ça je vous le déconseille. Tout ce que j'en ai retiré c'est de l'argent de mon compte en banque, et de l'ennui.  C'était un peu comme être derrière une vitre, ou avoir la grippe dans la rue, ou être défoncée dans un centre commercial.
Alors je pensais à m'inscrire à des trucs pour gens comme moi, avec des gens qui sortent faire des piques niques, qui vont au musées ou à la pétanque, mais après avoir fait un tour sur Wanted Sorties Paris j'ai l'impression qu'il y a des raisons pour lesquelles ces gens n'ont pas d'amis. Comment peut-on sincèrement écrire des trucs du genre "Hello tout le monde!! C'est VENDREDI, et VENDREDI... TOUT EST PERMIS!! Ca dit à quelqu'un d'aller dans un bar pour danser ce soir, genre au Café OZ ou au Sullivan?" Non mais genre le mec il a personne pour aller avec lui dans un bar, y a pas de mal à ça, mais faut pas faire style "c'est tout à fait normal, si si je suis trop cool". Et puis c'est quoi cette soirée, tu vas danser avec des inconnus pour ne pas être seul à danser avec des inconnus... Et puis les photos de profil sur Wanted sorties Paris... ces photos qui en disent trop.
Et puis y a un côté honteux à aller dans des clubs pour timides, comme s'inscrire sur Tinder, c'est se résigner à la simplicité et s'avouer vaincu. Les timides dignes reste seuls, tel est le prix à payer. Mais pour ceux qui ne me connaissent pas (et ça c'est très peu probable, je ne vois pas qui lirait ce blog si ce n'est par pure amitié) mais je ne suis pas quelqu'un de timide. Les mots qui viennent plutôt à l'esprit sont bavarde, impertinente, indicrète... Mais j'ai l'impression de souffrir de la comparaison.

Alors je pensais à m'inscrire à un club de loisirs, comme ça je rencontre des gens mais pas que. Genre du Badminton, seul sport que je tolère. Mais j'ai pas l'impression que c'est vraiment l'occasion de discuter avec des gens, à part pour crier "PUTAIN TA RACE, JE VAIS TE DEMONTER!!". Je pensais aussi m'inscrire à une chorale amateure mais à priori on peut pas parler et chanter en même temps. Sinon ya peut être des groupes AA qui font des trucs entre abstinents tristes, mais ce serait se résoudre à l'idée que nous sommes différents. Nous ne sommes pas des gens qui ne buvons pas, nous sommes des gens qui ne buvons plus, et tel est notre supplice.

Et puis y a ce truc d'habiter dans une grande ville (si tantôt que Paris soit une grande ville) genre plus y a de monde et plus tu te sens seul. Ca vaut aussi pour les soirées, les grands paysages... C'est vrai que c'est difficile d'avoir l'air intéressant dans le 11ème sans être grotesque. Et puis si tu sors le soir , pour aller à la poste du Louvre qui est ouverte H24 et permet d'avoir le "cachet de la poste faisant foi" jusqu'à minuit (Paris a du bon), tu vois tous ces gens qui sortent en bandes, ou avec des amis dans des bars, probablement conscients de leur effet sur les passants solitaires du vendredi soir. Tu ne vois évidemment jamais les gens seuls devant facebook, leur livre, leur parents. 

Et puis y a ce truc ironique qui fait que tu attires les gens quand t'es bien dans ta vie, et que t'as pas besoin d'amis. Genre tu sécrètes des phéromones de suffisance, et ça attire les mouches. C'est comme une illustration du capitalisme, les riches sont de plus en plus riches, les seuls de plus en plus seuls. Et à l'inverse, qui sème la pitié récolte le dédain.


Bon ben voilà, si cet article ne vous dissuade pas d'être mon ami, je ne sais pas ce qui le fera. 

ps : fidèle à moi même j'ai mis des images qui n'ont rien n'a voir avec l'article. A part qu'elles font penser à des extraterrestres, un peu comme moi en ce moment.

Martine Fougeron